Nos mères

Publié le par Fanny S.

Nos mères… qu’il est tout un art d’être mère, sans qu’on l’envisage. Mère, maternel, mais aussi mer, maritime, peut-être maternité. Nos mères sont plurielles et uniques à la fois. Repensez à toutes les fois où elles ont été maternelles, de l’enveloppe qui console, de celle qui exige. De l’une à l’autre et de l’autre à l’une : incessant voyage de toute une vie. Ce même dans l’absence.

Un mère, on ne se rend pas compte, de tout ce que cela comporte comme mer d’amour, de tout ce que cela retient comme amer d’âme. On commence par l’aimer, l’aimer tout en fusion. Puis à s’en détacher, comme un petit oisillon au sortir du nid. Puis à lui reprocher de ne pas avoir fait, ou d’avoir trop fait. Sans vous mettre à sa place. Vous vous nourrirez de colère pour quitter les bras qui vous ont vu naître ou ceux qui vous ont élevé. Vous partirez, vous claquerez la porte peut-être. Comme tout être au moment de l’indépendance, vous lui ferez la guerre sans comprendre qu’elle est inutile. Et puis un jour, vous la regarderez autrement, avec un soupçon de frisson, comme pour vous dire que vous n’avez plus besoin de ce conflit pour exister. Ce sont nos mères de qui nous sommes nés, mais ce ne sont pas elles qui nous font tout entier.

Nos mères, ce sont toutes ces fois où elles vous prendront dans leur bras, un peu trop câlins, un peu trop collants. Ces petits surnoms d’animaux qu’elles vous disaient enfant et qu’elle vous diront encore à la cinquantaine. C’est le bisou qui claque, ou les mêmes irrévérences. Ce sont les mêmes froideurs, même lorsqu’elles savent qu’il n’y en a plus besoin. Parfois les mères ne montrent pas leur amour, de peur peut-être de le voir partir vraiment, comme lorsqu’elles étaient traumatisées de voir que ce petit être porté pendant neuf mois, à qui elles avaient donné la vie pouvait simplement dire non. De toutes ces fois, où adolescent, vous rêviez de ne plus la voir, de ne plus l’entendre puisqu’une mère, « ça soûle » et que vous y repenserez plus tard en vous disant que vous voudriez la voir encore aujourd’hui. 

Un jour, donc, vous la regarderez avec ce soupçon, le même que celui de l’enfance, et vous baisserez les armes. Plus de guerres inutiles. Plus de mots pour faire des maux. Vous vous rendrez compte, juste comme cela, ou en devenant mère, comme il est difficile de l’être. Comme vous n’y aviez pas pensé. Toutes ces fois où vous vous êtes défaits de ses bras. Où vous avez fui ses embrassades et ses bras consolateurs. Toutes ces fois où elle vous faisait la leçon que pour mieux se persuader que c’était la seule manière qu’elle avait de vous aimer. Vous réaliserez alors que votre mère, est comme toute les autres mères : inchangeable, immuable et tellement belle d’être imparfaite. Alors vous la laisserez vous prendre dans ses bras, vous embrasser, vous appeler mon lapin ou ma biche. Vous lui laisserez vous demander de revenir, même si elle sait que vous ne reviendrez pas avant longtemps. Vous comprendrez tout l’amour qu’il lui faut pour vous laisser repartir alors qu’il y a dans votre cœur tant de fils tendus jusqu’à son inquiétude. Une mère a peur, c’est naturel, vous comprendrez que ce qu’elle ne souhaite au fond c’est de vous voir heureux. Ce même si elle ne voit pas le même bonheur que vous. 

Une mère, c’est celle qui s’occupera peut-être de vos enfants quand vous en aurez besoin. C’est peut-être celle que vous viendrez trouver le ventre rond. Celle que vous appellerez souvent pour discuter de l’éducation. C’est elle qui racontera à vos enfants ou vous proches, toutes les bêtises que vous avez pu faire. Ces petites anecdotes savamment dosées de tendresse et de malices, qui leur feront comprendre l’enfant qui vit en vous ou ne vit plus. Ces petits moments là, leur permettront de mieux concevoir comment vous êtes devenue la mère que vous êtes. 

Une mère, c’est aussi toutes ces petites barrières suite à ces si nombreux combats que vous ne ferrez plus, mais que vous avez blessé sans le vouloir. Toutes ces défensives qu’il vous faudra longtemps apprendre à apprivoiser. Ce langage si simple que vous aurez oublié et qui vous reviendra quand vous réaliserez l’essentiel. Comme à ce moment-là où vous la regardez avec ce frisson de tendresse, vous vous direz qu’une mère est toujours la mer dont on vient et que, même si tout ce qui est maritime n’est pas forcément maternel, il porte en lui tout son amour. Et c’est cet amour là qui vous fera vous pencher vers elle, un jour, et lui dire d’une voix presque sans son « c’est ton poussin » alors qu’elle aura peut-être les yeux clos. Ne vous en voulez pas trop, de ne pas lui avoir dit avant. C’est mieux de le faire quand on peut, mais… une mère sait toujours ces choses-là. Bien avant vous. Avant même de vous élever. Elle ne le voit peut-être pas, mais elle sait, que vous saurez à votre tour, dans les tréfonds de son émotion. 

Nos mères ce sont tous ces petits gestes que l’on voudrait éternels sans se l’avouer. Ces consolations que l’on voudrait encore même. Juste cet amour que l’on voudrait sans condition. Dont on ne sait pas toujours voir où réside l’inconditionnel. Et dont on attend probablement avec trop impatience une forme de perfection.

tous droits réservés. Fanny S. extrait de "trois" (titre provisoire)

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E
Il me touche beaucoup ce texte...tout doux et tellement vrai, n'est-ce pas?Ca fait effectivement du bien de remettre les armes :)
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F
je l'avais parcouru. mais j'y reviens avec plaisir :-)big bisous
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A
Beau moment de lecture.<br /> A lire et à relire sans modération (aussi bien mère que fille)
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T
Texte tout doux, sous la houle de l'indulgence et de la sérénité semble-t-il. Qu'il est bon, c'est vrai, de remettre les armes. Merci pour ce joli moment ma belle...
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